Aliénor était plutôt bonne élève, du moins dans les matières qu’elle jugeait dignes d’intérêts. Et autant dire que certaines matières, comme le savoir domestique, n’en faisaient pas partie. Elle était bien décidé à ne pas se marier, à ne pas fonder sa propre famille, alors cette matière ne lui servait strictement à rien. Et même si elle changerait d’avis, sa famille était assez aisée pour pouvoir se permettre d’avoir des serviteurs. Alors pourquoi apprendre un tas de choses inutiles ? En tant que bonne élève, il aurait certainement été normal de voir Aliénor à la bibliothèque, du moins de temps en temps pour faire des recherches sur un devoir particulièrement compliqué. Sauf que ce n’était pas le cas. La jeune femme avait toujours éviter de poser les pieds dans cet endroit, puisque pour elle, il était tout simplement impensable de se laisser dicter sa conduite par une cracmolle. Et vue que la bibliothèque était dirigée par une cracmolle qui devait se prendre pour le roi du monde, vue les règles qu’elle imposait… Aujourd’hui était donc la première fois qu’Aliénor posait les pieds dans cet endroit. Elle avait toujours apprécié les livres, et cela n’avait pas changé. Si seulement les circonstances auraient été autres, elle aurait certainement pu passer beaucoup de temps dans cet endroit. Mais il était tout simplement hors de question pour la jeune femme de mettre ses principes sur le côtés pour se laisser donner des ordres par une cracmolle. D’accord, c’était légèrement ce qu’elle était entrain de faire, mais ce n’était pas pareil. Là, elle n’avait pas vraiment de choix, à part obéir. Mais elle avait parfaitement le choix si elle venait à la bibliothèque pendant son temps libre ou non. Et elle préférait largement se faire envoyer les livres dont elle avait besoin par un de ses frères. C’était bien mieux de cette manière, bien que cela signifiait également qu’elle devait attendre 1 à 2 jours avant de le recevoir, le temps que son hibou fasse l’aller retour entre Poudlard et la demeure familiale.

Aliénor s’était forcée à oublier le passé, d’oublier toute la complicité qu’il y avait pu avoir entre elle et Eivind. Ils n’avaient pas d’avenir, alors pourquoi garder de tels souvenirs ? Ils étaient désormais sans importance. Mais le jeune homme ne semblait pas penser de la sorte, puisque c’était lui qui se mit à parler du passé en premier. Non seulement qu’il se souvenait encore de l’histoire favorite d’Aliénor, mais en plus, il portait toujours ce bracelet stupide, comme s’il croyait que leur promesse enfantine tenait toujours. Aliénor avait beau se comporter d’une façon méprisante envers le jeune homme, et pourtant, elle se laissa entraîner dans son petit jeu malgré elle. Elle avait juste voulu le faire taire, qu’il arrête de remuer le passé, et surtout, qu’il arrête de citer un livre pour enfant. Et voilà qu’elle se retrouvait à le poursuivre dans la bibliothèque… Le pire dans cette situation était certainement qu’Aliénor s’amusait malgré elle. Après tout, il fallait bien avouer que cette situation avait quelque chose de comique. Sauf que le tournant que la situation prit était bien moins drôle pour la jeune femme, qui se retrouva écrasée par terre sous Eivind, le choc de la chute lui coupant le souffle. Mais le plus dur pour elle fut certainement de résister à une crise de panique qui semblait vouloir s’emparer d’elle. Eivind n’avait rien à avoir avec cet homme, il n’était pas comme lui, et pourtant, cette situation lui rappelait du déjà-vu, il montrait une fois de plus à quel point elle était vulnérable, vu qu’elle était bien incapable de se sortir de cette situation seule. Elle était bien incapable de bouger, et encore plus d’attraper sa baguette qui était toujours dans un des plis de sa robe… Heureusement qu’Eivind réussi à les sortir de cette situation, permettant à la jeune femme se respirer à nouveau. Cependant, il était tout simplement hors de question pour la jeune femme d’accepter son aide. Peut être qu’il voulait juste être gentil, mais pour le moment, elle n’était toujours pas loin de la crise de panique, et il était donc mieux qu’il ne la touche pas. Sans parler du fait qu’elle ne risquait pas d’accepter l’aide d’un gryffindor, c’était tout simplement hors de question. « Ne me touche pas » La voix d’Aliénor était froide, hostile même. D’ailleurs, c’était cela qui lui permettait de renouer avec sa fierté et sa sureté en soi, du moins en apparence. Pendant un court instant, on pouvait encore lire la peur dans les yeux de la jeune femme, mais lorsque sa main se referma autour de sa baguette, elle réussi de nouveau à contrôler l’expression de son visage. La main toujours posé sur sa baguette - non pas pour s’en servir, mais tout simplement pour s’assurer qu’elle était bien là, mais aussi pour se rassurer - elle finit par se relever, tout en lançant un regard glacial à Eivind. Une chose était sure : elle n’allait pas lui pardonner si rapidement cet incident, c’était tout simplement hors de question. Aliénor détestait le fait de ne pas être capable de contrôler ses émotions, comme cela avait été le cas quelques instants auparavant, et cela l’avait mise en colère contre Eivind, puisque c’était lui qui les avaient mis dans cette situation. En tournant le dos à Eivind, le regard d’Aliénor se posa sur la cracmolle qui avait fini par revenir. Génial. Comme si cette scène n’avait pas été assez embarrassante comme cela, non, il fallait en plus qu’il y ait un spectateur ! Tête haute, Aliénor snoba la bibliothécaire, passant à côté d’elle comme si elle n’existait pas, pour se rendre à nouveau vers la table où étaient posés les livres qu’ils étaient sensé ranger. Elle n’avait qu’une envie : sortir le plus rapidement possible de cet endroit.