-Laissez-moi ! LÂCHEZ-MOIII !!!

-La ferme sorcière !

Faoiltiarna se débattait comme une diablesse, mais les deux gardes qui la traînaient étaient bien plus forts qu'elle. Ils la jetèrent sans ambages dans le fourgon chargé de la transporter jusqu'en place public. La jeune-fille tenta bien de ressortir aussitôt que son corps eut touché le fond du véhicule, mais la porte lui claqua au nez. Elle tambourina dessus, ordonnant, hurlant qu'on la laisse sortir. Elle ne rencontra que moqueries et insultes avant que le fourgon se mette en route.

La jeune-femme avait toujours du mal à accepter les derniers cours des évènements. Quelques jours plus tôt elle fêtait ses fiançailles avec Aedan O'Connor, dauphin du trône de Connatch. Le roi de Munster, souverain de son père, avait lui-même encouragé l'union dans l'espoir de consolider une paix, voir une alliance entre les deux provinces voisines. De toutes les jeune-filles présentes au bal de la Toussaint, c'était bien Faoiltiarna qui avait capté l'intérêt du dauphin invité à la cours de Sa Majesté de Munster. Le dauphin s'était par la suite plut à s'enquérir d'elle, quitte à rendre visite au fief de la jeune-fille.

Faoiltiarna n'aimait pas Aedan, ou du moins pas autant que le jeune-homme pouvait bien l’espérer. Elle ne le trouvait tout de même pas insupportable au contraire. Ses visites étaient un plaisir. De plus il la prenait au sérieux sans pour autant s'offusquer de son besoin de liberté. Il lui avait promis qu'en le suivant, elle serait libre de s'occuper comme elle le souhaiterait une fois sur ses terres. Tout le monde lui répétait que c'était une belle affaire pour elle. Comme si elle avait le choix de refuser ou non. Le choix avait était déjà fait pour elle. Moïra lui assurait qu'elle pouvait s'estimer heureuse car il y avait bien pire destin. La jeune-fille avait acquiescé sans vraiment y croire. Aujourd'hui qu'on l'amenait au bûcher, elle ne pouvait que tomber plus que d'accord sur la question.

Alors que victuailles passaient d'une mains à une autre durant le banquet de fiançailles, la populace trouva le moyen d'entrer dans la grande salle. La famine, conséquence de la peste qui faisait rage au pied du château de son père, pendant que les nobles festoyaient, avaient finit par pousser à bout certains. Munis de fourche ils avaient trouvé le moyen de pénétrer le château. Le fer blanc des épées fut tiré rapidement. La bataille débuta.

L'un des villageois dirigea sa fourche vers elle. Moïra s'interposa et tomba inanimée. Une rage noir pris alors naissance chez Faoiltiarna devant le corps mort de celle qui l'avait élevé. Elle reconnu son meurtrier comme étant Dany. Il avait bien grandit, mais il n'avait pas changé. Elle rugit de rage. Elle voulait qu'il ressente la même douleur brûlante qu'il venait de créer en elle. Des cloques commencèrent à se former sur le visage de ce dernier alors qu'il hurlait à son tour de douleur. Sa peau prit feu et il s'agita en tentant de l'éteindre. Il ne parvint qu'à passer par la fenêtre. Le même phénomène eut lieu chez quelques autres intrus. Certains prirent la fuite, d'autre baissèrent les armes ne sachant comment réagir devant tel phénomène.

Elle-même prise d'horreur, la colère de Faoiltiarna redescendue aussi vite qu'elle était montée. Les corps cessèrent de brûler. Parfois trop tard. Tous les regards se tournèrent vers elle.

-Sorcière , cria quelqu'un dans la salle, et son accusation fut reprise en chœur.

- Gardes ! Saisissez-vous d'elle !

Faoiltiarna tourna aussitôt la tête vers l'origine de la voix, alors que deux hommes se saisirent d'elle après hésitation. Devant son manque de réaction, ils reprirent confiance. Elle fut emportée sous le brouhaha de la salle qui la blâmait pour tout les maux depuis Adam et Eve. Son regard ne quittait pas le visage de son frère aîné Lughaid. Il avait donné l'ordre qu'on l'emprisonne. Son père ne fit pas un mouvement pour le contredire. Lui qui l'avait toujours regardé avec une certaine tendresse, ne voyait à présent qu'un monstre.

-Faoiltiarna, Orfhlaith, Siofra O'Hara, You have been denounced on the charge of murder and witchcraft, a major sin vengable by death! You will burn on the bucher !

-Crame sorcière !

Faoiltiarna était solidement attachée à un pieu en bois. Des fagots l'entouraient stratégiquement pour sa combustion. Partout où elle posait ses yeux elle ne voyait que des visages défigurés par la haine et le dégoût. Elle voyait même parfois la joie que sa condamnation apportait chez certains.

C'était un véritable cauchemar. Sedna, le cadet de ses frères, rentré dans les ordre du clergé devant le peu de perspective que lui offrait sa place de dernier, ne venait pas de la condamner. Non ce n'était pas possible. Son père était assis sur l'estrade et ne faisait rien. Elle cria leur nom. Hurla son innocence. Supplia qu'ils l'entendent alors que le bourreau approcher avec sa torche.

Tout avait un sens pour eux à présent. Le fait qu'elle prenne son premier souffle, quand sa mère soupirait son dernier. Toutes les anomalies qui avaient parfois lieu autour d'elle. Le fait qu'un prince la choisisse elle comme épouse, parmi des centaines d'autres plus qualifié pour le poste. La famine. La peste, et d'autres accusations pour lesquels on ne lui avait laissé aucune chance de défense.

Les premiers fagots prirent feu. Faoiltiarna s'agita, tentant désespérément de se libérer. Le feu dévorait bien trop vite le bois à son goût. Elle priait pour qu'il s'éteigne. La panique, la peur, la colère, la haine, le désespoir, un maelström de sentiment se mélangeaient en elle. Comme tout le monde, obsédée par le feu, elle ne vit pas le ciel se couvrir de nuage au-dessus d'elle. Elle ne sentit pas non plus les premières goûtes tomber, jusqu'à ce qu'une avalanche d'autre suivent. En quelques instants une pluie torrentielle s'abattit. Le feu se noya rapidement alors que les liens qui la retenaient tombèrent au sol.

Faoiltirana cessa de regarder le ciel avec ahurissement et ce tourna pour voir William une dague à la main. Pour une fois c'était lui qui venait à sa rescousse. En voyant les flammes s'éteindre il l'avait interprété comme un signe du ciel. Sa couardise prenait fin ce soir.

-Elle s'échappe ! A MORT !

Faoiltiarna reprit ses esprits. C'était la panique parmi le public de sa mise à mort. On avait beau dire de l'arrêter, certains ne se sentaient pas l'âme suffisamment vaillante pour agir. Un premier tenta et William lui régla son affaire en l'envoyant valser. A force de forger avec son père, il s'était bâtit un corps impressionnant qui allait de pair avec sa grande taille. Ils firent leur chemin tant bien que de mal parmi la foule qui compliquait le travail des gardes submergés. Une fois que le chemin s'éclaircit, la blonde courra pied nu sur le pavé, priant pour atteindre les bois rapidement. Sa seule chance de survit d'après d'elle.

Elle tourna la tête pour s'assurer que William la suivait bien. Ils échangèrent un regard. Le jeune-homme voulait s'excuser pour son comportement il y a des années de cela, lorsqu'il avait pris peur. Elle l'avait toujours aidé. Toujours protégé. Et il lui avait tourné le dos. C'était peut-être une sorcière, mais elle n'avait jamais fait de mal en ce qui le concernait. Il refusait de croire tout les crimes dont on l'accusait. Si dieu voulait qu'elle meurt, il n'aurait pas fait tomber la pluie. Peut-être même qu'elle travaillait pour le grand seigneur là-haut, pensa-t-il un instant avec sa naïveté d'enfant. C'était tout ce qui lui avait donné le courage d'agir pour une fois. Il n'était pas sur d'avoir bien agit, mais il était sur de ne pas avoir mal agit.

Fao' lui pardonna dans un rictus de reconnaissance, sans même qu'ils échangent un mot. Il eut l'expression soulagé lorsqu'elle tendit sa main pour qu'il ne ralentisse pas. Il toussa. Un liquide écarlate s'échappa de sa bouche. Il porta sa main à son cou ensanglanté, pour constater la présence d'une flèche. Un dernier sourire d'excuse, il tomba au sol comme une masse. Faoiltiarna leva les yeux pour apercevoir son frère Lughaid perché sur une corniche. Il attrapa une flèche qu'on lui tendit. Il semblait décidé à l'offrir à sa petite sœur.

Un dernier regard sur le corps de William et elle décampa juste à temps pour qu'une flèche se fiche exactement là où elle était quelques instant plus tôt...